Le secret le mieux gardé : le Groupe de l’enlèvement des explosifs de la GRC en Colombie Britannique

C.-B., Groupe provincial de l'enlèvement des explosifs

2023-11-10 09:55 HNP

L’été dernier, deux suspects vêtus d’une tenue de protection complète et armés de fusils semi automatiques SKS sont entrés dans une banque de Saanich. Lorsque les agents sont arrivés sur les lieux, un vol à main armée était en cours et 22 personnes innocentes se trouvaient à l’intérieur de la banque. Les deux malfaiteurs armés ont été abattus par la police et six agents ont été blessés; trois d’entre eux ont subi de graves blessures. On a plus tard établi l’identité des deux malfaiteurs; il s’agissait des frères jumeaux Mathew et Isaac Auchterlonie. Selon la police, ils étaient animés par des sentiments anti police.

La police a plus tard confirmé que quatre autres armes à feu, 3 500 munitions et plus de 30 engins explosifs improvisés se trouvaient dans la Toyota Camry blanche des suspects. Un ordre de rester à la maison a été lancé.

Il incombait au Groupe de l’enlèvement des explosifs (GEE) de la GRC en Colombie Britannique de décider de la manière de manipuler en toute sécurité ces explosifs et de protéger la collectivité. Les agents du GEE sont arrivés de la région métropolitaine de Vancouver et ont sécurisé les explosifs jusqu’à ce qu’ils puissent être déclenchés en toute sécurité loin de la ville. Tous les éléments de preuve, dont des morceaux de métal, ont été recueillis et remis au groupe des crimes majeurs responsable de l’enquête.

(Groupe de l’enlèvement des explosifs (GEE) de la GRC en Colombie Britannique ) Le GEE est formé de policiers techniciens des explosifs hautement qualifiés qui travaillent à temps plein et procèdent au désamorçage au moyen d’équipement spécialisé de pointe (dislocateurs, robots, tenues de protection contre les bombes, équipement de protection) dans une multitude de situations d’urgence liées aux explosifs.

En cas de menace d’attentat terroriste, de découverte d’un colis suspect, de détection de radiations ou de gestion de la sécurité d’un événement hautement médiatisé, comme les Jeux Olympiques ou le Sommet du Groupe des huit/Groupe des Vingt, le GEE est le groupe que les services de police appellent. Le GEE joue non seulement un rôle essentiel dans la protection du public et des biens, mais assure également la formation de ses partenaires relativement aux enquêtes liées aux engins explosifs, en plus de donner des témoignages d’expert en cour à ce sujet.

« Notre travail comporte toujours des risques, indique le sergent d’état major Brent Elwood, officier responsable du GEE de la GRC en Colombie Britannique. Lorsqu’on manipule des engins explosifs, si quelque chose se passe mal, une catastrophe survient. C’est la nature même des explosifs. »

C’est pourquoi le GEE tente d’abord de s’approcher d’une menace au moyen d’un robot.

Photo du un robot

Un robot conçu pour manipuler des explosifs à distance et les neutraliser.

« Nous utilisons notre robot, auquel sont attachés deux dislocateurs à longs tubes, précise le sergent d’état major Elwood. Les dislocateurs projettent de l’eau à une pression très élevée qui peut disloquer une bombe tuyau. »

Le GEE a deux camions d’enlèvement de bombes qui comptent chacun deux robots et un système à rayons X.

« Le robot nous permet d’enquêter sur les engins explosifs possibles à une distance sécuritaire, indique le sergent d’état major Elwood. Il est équipé de nombreuses caméras à haute résolution et peut monter n’importe quel escalier. Il est également muni d’un bras manipulateur doté d’une main en griffe capable d’ouvrir des portes et de déplacer des objets, comme un sac à dos suspect, et de les traîner ailleurs. Tous ces éléments sont contrôlés par l’opérateur, qui se trouve à l’intérieur du camion d’enlèvement de bombes. »

L’utilisation du robot est l’une des nombreuses mesures de sécurité que les membres du GEE doivent respecter.

Les membres du GEE portent également une tenue de protection pesant 90 lb (40 kg). Elle est renforcée à l’avant par du kevlar et une lourde plaque de protection en céramique. Cette tenue est conçue pour protéger les organes vitaux en cas d’explosion. Les mains des membres ne sont pas aussi bien protégées, car ils doivent être en mesure de sentir ou toucher des objets. Même leur uniforme est ignifuge. Ils portent plutôt des gants de nitrile, qui empêchent leur ADN de contaminer les éléments de preuve.

Photo du membre et robot

Un membre du GEE vêtu d’une tenue de protection contre les bombes accompagné du robot.

« Nous recevons des appels concernant des incidents très simples et clairs ou des incidents dont la complexité varie et dont l’intervention connexe dure de multiples jours », ajoute le sergent d’état major Elwood.

Les membres de cette équipe mettent aussi leur vie en danger dans le but d’atténuer les effets des attaques chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires (CBRN) pouvant découler d’accidents, d’actes criminels ou d’actes terroristes et d’enquêter sur celles ci. Les attaques CBRN comprennent également les incidents liés à des marchandises dangereuses (DG) ou à des matières dangereuses (HAZMAT).

Dans de très rares cas, le GEE est parfois appelé à enquêter sur une « poudre blanche » inconnue. Celle ci peut s’avérer anodine, mais on ne le saura pas tant qu’on n’aura pas enquêté. Ce type d’enquête nécessite de l’équipement spécial et du matériel de détection. Les membres du GEE reçoivent une formation approfondie sur les pratiques exemplaires en matière d’intervention en cas d’incident. Ils sont formés pour reconnaître les symptômes d’exposition à différents agents CBRN, appliquer les stratégies et les procédures relatives à l’approche des lieux d’un incident CBRN et savoir comment évaluer efficacement ces lieux.

Le GEE apporte également un soutien opérationnel au Groupe tactique d’intervention (GTI).

Nous avons tous déjà vu ce scénario à la télévision : des malfaiteurs font sauter une porte pleine pour pénétrer dans un établissement commercial ou un domicile, causant ainsi une forte explosion et des dégâts considérables.

La police, d’autre part, utilise une méthode bien plus subtile que celle présentée à la télévision pour franchir une porte, un mur ou une fenêtre. Sa principale source de préoccupation est la sécurité des membres de l’équipe ou des gens qui se trouvent de l’autre côté de la porte. Elle utilise une très petite quantité d’explosif suffisante pour franchir une porte ou une structure.

« Il s’agit d’une combinaison de science et d’art, indique le sergent d’état major Elwood. L’aspect scientifique consiste à trouver la charge explosive précise nécessaire pour traverser la cible. »
Par exemple, il existe de nombreux types de portes de toutes sortes de formes et de tailles : les portes en bois, les portes en acier, les portes en aluminium, les portes à deux vantaux.

« C’est là que notre expertise entre en jeu, sur la base de nos recherches, de notre expérience et de notre formation hautement spécialisée, ajoute le sergent d’état major Elwood, qui travaille à la GRC depuis 24 ans, dont 19 au sein du GEE.

Habituellement, un policier doit posséder au moins cinq années d’expérience avant de présenter sa candidature pour se joindre au GEE. Les agents passent par un processus de sélection rigoureux, puis par un processus de préparation d’environ deux mois. Ils suivent ensuite le cours de cinq semaines au Collège canadien de police à Ottawa, où ils reçoivent la formation de base de policier technicien des explosifs. La formation complète d’un agent dans tous les aspects du métier que les membres du GEE accomplissent dure de trois à quatre ans. Tout au long de leur carrière, les agents du GEE doivent suivre des cours avancés offerts partout au Canada ou aux États Unis, dans le cadre desquels ils acquièrent des connaissances sur les techniques et les équipements innovants les plus récents.

À l’échelle de la province, y compris dans les services de police municipaux, il y a seulement 14 agents en service qui sont dûment formés pour travailler dans ce groupe très spécialisé. Il existe quelques autres groupes au Canada qui maîtrisent aussi bien ces techniques, en particulier le contrôle des robots de neutralisation d’engins explosifs.

Idéalement, le sergent d’état major Elwood aimerait que des équipes distinctes soient affectées à l’échelle de la province et disponibles pour intervenir en cas d’incident local. À l’heure actuelle, il n’y a que deux agents qui travaillent sur demande chaque semaine pour offrir des services à l’échelle de la province. Le problème est le suivant : si l’équipe reçoit un signalement sur l’île de Vancouver, elle doit se déplacer sur les lieux, déterminer la gravité de l’incident et prendre des mesures d’atténuation avant de pouvoir répondre à un autre signalement.

Si un détachement de la GRC ou un service de police municipal découvrait un objet suspect, il communiquerait avec le GEE. Il prendrait une photo de l’objet et l’enverrait au GEE. Même si le GEE peut être consulté pour des alertes à la bombe, il ne se rendrait pas sur les lieux à moins que la menace soit très précise ou jugée crédible.

Photo du robot et bombe tuyau

Un robot récupère une bombe tuyau

Le rôle du GEE est de neutraliser des engins explosifs improvisés ou tout autre objet susceptible de revêtir un caractère criminel et d’éliminer l’engin, l’explosif ou la munition. Le GEE est également appelé à mener des enquêtes postexplosion.

« La formation est exceptionnelle, ajoute le sergent d’état major Elwood. On est souvent confronté à un obstacle extrêmement difficile et on doit essayer de trouver une manière de le surmonter. C’est très valorisant et enrichissant. »

En raison de leur formation, les membres du GEE sont appelés à comparaître devant les tribunaux à titre de témoins experts et sont souvent consultés par les organismes fédéraux ou provinciaux. Ils offrent du soutien à d’autres groupes de la GRC, comme les Services de protection lors des visites de personnalités très importantes et le GTI dans le cadre de ses opérations.

« Nous donnons une formation de sensibilisation aux explosifs à des organismes, comme la société BC Hydro, précise le sergent d’état major Elwood. Nous nous rendons sur leur site, discutons avec leur chef de la sécurité, examinons leur plan d’intervention d’urgence et leur signalons tout élément vulnérable. Un engin explosif est très différent d’une explosion de gaz. »

À l’Aéroport international de Vancouver, le GEE a participé à un exercice sur table dans le but de donner des conseils spécialisés sur la manière d’intervenir si l’on trouvait un engin explosif à grande échelle ou un engin suspect dans un bagage à l’aéroport.

« Malgré l’imprévisibilité et la difficulté des situations auxquelles on peut être confronté lorsqu’on intervient sur les lieux d’un incident, il est toujours très satisfaisant de savoir qu’on a sauvé des vies », ajoute le sergent d’état major Elwood.

« Ce groupe est le secret le mieux gardé de la GRC, indique le sergent d’état major Elwood. Le GEE est l’un des meilleurs groupes au sein de notre organisation. On accomplit un travail tout à fait unique par rapport à n’importe quel autre programme. »

Services de communication de la GRC en C.-B.
778-290-2929

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